"Rien ne serait plus étranger, moins hypocrite et narcissique, que de hisser au cœur de la nation cette Américaine naturalisée en 1937, libertaire et gaulliste, croix de guerre et médaille de la Résistance. Elle est à hauteur d'homme". C'est ce qu'écrivait l'intellectuel Régis Debray en 2013 dans une tribune publiée par Le Monde, dans laquelle il demandait l'entrée de Joséphine Baker au Panthéon.
"C'est une mauvaise idée, elle l'aurait refusée".
À l'époque, si l'idée avait séduit quelques admirateurs et militants antiracistes, le projet était resté sans suite concrète. Son fils aîné Akio a déclaré en 2015 dans le journal dominical français France Dimanche : "C'est une mauvaise idée, elle l'aurait rejetée". Il ajoutait : "Ce qui est sûr, c'est qu'elle dérange toujours ceux qui combattent ses idéaux".
Il aura fallu attendre encore cinq ans pour que la meneuse de revue et résistante soit honorée. Au printemps 2021, un comité s'est formé autour de Laurent Kupferman, dans lequel le frère cadet d'Akio, Brian Bouillon Baker, représentait entre autres cette fratrie (12 enfants au total, que Joséphine Baker et son mari Jo Bouillon avaient adoptés aux quatre coins du monde et qu'elle appelait sa "tribu arc-en-ciel").
Soutenue par l'entrepreneuse Jennifer Guesdon, l'historien et académicien Pascal Ory, Stéphane Bern, Laurent Ruquier, Laurent Voulzy, Line Renaud, Rachel Khan et Pascal Brukner, la pétition "Osez Joséphine" a recueilli plus de 35.000 signatures.
Joséphine Baker continue de marquer l'histoire.
La suite de l'histoire s'est écrite hier soir sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris et sous la nef de l'église. Ce 30 novembre, celle qui est décédée en 1975 est devenue la sixième grande dame du lieu et la première femme noire. Son fils Brian a déclaré : "Cela s'est fait en raison de ce qu'elle a apporté à la France et parce qu'elle incarne les valeurs républicaines. Ses engagements sont plus que jamais d'actualité. Ma mère n'était pas une femme politique, mais elle était humaniste". Tant pis pour les haters.